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Chronique d'Hébébulles : Le droit de ne rien faire

27 Jun 2019

Image de l'article Chronique d'Hébébulles : Le droit de ne rien faire

Avec l’avènement des réseaux sociaux, de nombreuses pages d’échanges destinées aux professionnel.les ont fait leur apparition. Entre des demandes relatives à des situations rencontrées ainsi que des recherches de lieux de stage, une question revient régulièrement :


« Que pourrait-on faire avec des enfants de tel ou tel âge ? ».


En effet, cette interrogation est centrale dans certaines structures, où l’un des seuls mots d’ordre semble être le verbe « FAIRE ». Il arrive par exemple que chaque professionnel.le doive obligatoirement préparer un nombre précis d’activités chaque jour pour que les enfants n’aient pas de « temps mort ». Quelle pression, tant pour les adultes que pour les enfants ! Alors que je travaillais dans ce type de structure, j’ai décidé de me rapprocher de mes convictions et de dire Stop, prônant pour les enfants le « Droit de ne rien faire ».


Certains adultes auront tendance à vouloir sans cesse occuper l’enfant, quoi qu’il en coûte… et c’est assez logique lorsque l’on y pense. Dans cette société compétitive, où nous devons toujours être au top dans tous les domaines, ne « rien faire » est souvent mal vu.


Réfléchissons un instant… Beaucoup d’adultes diront « Je prends une pause-café rapide pour me réveiller avant de démarrer un gros dossier » ou « Je fume une cigarette pour me détendre, Jean-Pedro m’a vraiment énervé.e ! », mais jamais – ou presque – une phrase du genre « Je vais arrêter tout ce que je fais pendant 5 minutes parce que j’en ai envie/besoin ». Et non ! Ne rien faire a une telle connotation péjorative (passivité, flemme…) que même en tant qu’adultes nous recherchons des prétextes pour pouvoir nous stopper un moment.


Il est donc compréhensible que nous cherchions à éviter ces moments de flottement à l’enfant, encore plus lorsque nous nous souvenons que les parents paient pour que leur tout-petit soit accueilli en structure, et que ne pas leur présenter une activité concrète lors des transmissions du soir risque d’être jugé négativement.


Pourtant, l’enfant (comme l’adulte d’ailleurs) a besoin de pauses. Elles lui servent à réfléchir, à souffler, à se déconnecter, à se ressourcer… Simplement à prendre du temps pour lui dans un quotidien souvent rapide et pas toujours compréhensible. Grâce à ces moments, il peut se retrouver, penser à ce qu’il vit, à qui il est. C’est son imagination qui prend les commandes !


L’enfant ne « fait rien », mais pas comme nous l’imaginons avec nos représentations d’adultes toujours en mouvements. Cela pourrait se résumer en une phrase :




Ne rien faire, c’est faire sans s’affairer.



Alors, chers professionnel.les, et si nous arrêtions de vouloir absolument occuper les enfants que nous accueillions coûte que coûte ? Et si nous relâchions la pression ?


Leur laisser ce « Droit de ne rien faire », c’est les penser capable de produire d’eux-mêmes leur propre pensée, leur propre activité, d’engager leur propre créativité… Bref, c’est leur faire confiance, et nous permettre à nous – adultes accompagnants – d’avoir le temps d’être présents physiquement et psychiquement pour eux, et de les observer pour répondre au plus juste à leurs besoins.


Article rédigé par Hebebulles :


MULLER Justine


Éducatrice libérale “Hébébulles”


Blogueuse parentale

 

 

 

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