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La chronique d'Hebebulles : Les émotions de l'enfant

05 Jun 2019

Image de l'article La chronique d'Hebebulles : Les émotions de l'enfant « Si l’on veut améliorer le comportement, il faut d’abord s’occuper des sentiments » - Haïm Ginott

Lorsque j’ai lu cette citation, j’ai eu une pensée pour le petit Fabien [1], âgé de 2 ans lorsque je l’ai rencontré il y a quelques années dans la structure où je travaillais.

Fabien, c’était l’enfant qualifié de « petite terreur » par les professionnels lors de leurs temps de pause, au point que ces adultes ne pouvaient pas s’empêcher de ressentir un petit soulagement lorsque ses parents leur disaient qu’il serait absent quelques jours en raison de vacances. Bien que cette réaction puisse être considérée comme non-bienveillante, voire carrément politiquement incorrecte, elle était compréhensible : ce petit garçon frappait beaucoup les enfants et les adultes, criait, pleurait, mordait, se roulait au sol et ne semblait pas faire grand cas des remarques qui lui étaient faites.

Fabien représentait l’enfant que nous avons tous ou presque déjà croisé durant notre carrière, celui que nous aimerions aider mais pour lequel nous ne trouvons pas les « clés » adaptées. Il était le bambin qui épuisait les réserves de patience et d’empathie des professionnels sans le vouloir, celui qui a fini par être mis de côté par les enfants et parfois même les adultes qui n’attendaient qu’une seule chose : son entrée à l’école maternelle.

Pourtant, en y regardant de plus près, la seule chose qui lui était reprochée était d’exprimer ses émotions, au même titre que le faisaient les professionnels lorsqu’ils disaient se sentir fatigués, fâchés, ou lassés de son comportement. Et oui ! Bien que notre façon de les exprimer ne soit pas la même, nous ressentons des émotions que nous soyons enfant ou adulte, et heureusement ! Les émotions et leurs symptômes (cœur qui s’accélère, transpiration, sensation de chaleur, mains moites etc.) nous renseignent sur notre état et nous guident vers la satisfaction de nos besoins, en plus de communiquer aux autres notre état intérieur.

Malheureusement, il n’est pas toujours simple en tant qu’adulte de faire face aux « tempêtes émotionnelles » de l’enfant et ce, pour plusieurs raisons :

- L’incompréhension quant à la raison de la colère soudaine qui n’a, à nos yeux, pas forcément de raison d’être ;

- Le quotidien rapide en structure où nous devons jongler entre des effectifs d’enfants de plus en plus grands, pour de moins en moins de personnel, et toujours plus de tâches à réaliser ;

- La pression du regard des autres adultes et la peur de se sentir jugé si nous ne réussissons pas à calmer le plus rapidement possible l’enfant submergé par ses émotions ;

- La remise en question de nos propres convictions et de notre savoir face à des situations que nous ne maîtrisons pas et/ou que nous n’arrivons pas à gérer de façon assez satisfaisante pour nous à un moment donné ;

- Ainsi que la difficulté à exprimer nos propres émotions, qui rend plus difficile l’écoute et l’accompagnement de celles des personnes nous entourant.

Ces divers obstacles peuvent – dans des cas comme celui de Fabien par exemple – faire tendre les professionnels vers des dérives telles que la mise à l’écart de l’enfant ou la punition systématique par exemple. Nier les émotions de l’enfant, les minimiser ou les détourner peut alors apparaître comme une solution efficace pour faire cesser ces « tempêtes » … mais ce n’est pas forcément une solution satisfaisante sur le long terme. En adoptant cette attitude, l’enfant n’aura pas la possibilité d’exprimer ses ressentis et donc de s’en décharger. Un petit peu comme une cocotte remplie de soupe qui boue, l’enfant a besoin d’une soupape pour éviter l’ « explosion » (comme se rouler par terre en hurlant par exemple).

Mais alors, en tant que professionnels, comment pouvons-nous être une soupape pour les enfants que nous accueillons ?

Et bien, il n’y a pas de recette miracle en réalité, chacun faisant ce qu’il peut selon son caractère, ses convictions, le moment, selon l’enfant, et tout un tas d’autres paramètres qui font que ce qui fonctionnera un jour ne fonctionnera pas forcément le lendemain.

Malgré cela, quelques pistes de réflexions peuvent être intéressantes à réfléchir, telles que par exemple :

- L’aménagement de l’espace afin d’éviter les « Non » répétitifs et donc les frustrations ;

- Notre posture professionnelle en étant présents physiquement mais aussi psychiquement pour les enfants, nous permettant de les observer et d’intervenir de façon bienveillante si besoin avant que leur cerveau ne soit complètement submergé par leurs émotions ;

- La verbalisation pour leur faire comprendre dès le plus jeune âge qu’ils ont le droit de ressentir et d’exprimer leurs émotions, qu’il n’y a rien de plus normal que ça, et que nous sommes là pour les accueillir et en tenir compte.

Chaque situation nécessitera des ajustements, à nous d’observer ce qu’il se joue lors de ces moments de tempêtes émotionnelles afin de tenter d’y répondre de la façon qui nous semble la plus adaptée.

Alors chers professionnels qui vous sentez parfois démunis face à « vos petits Fabien », je n’aurai qu’un seul mot pour conclure cet article : Respirez.

Accueillez et acceptez vos propres émotions avant d’accueillir celles des enfants (parce que le fait de penser que vous en avez assez du comportement de Fabien ne fait pas de vous de mauvais professionnels, simplement des êtres humains !), acceptez que rien ni personne ne soit parfait, n’oubliez pas que ces difficultés seront dépassées un jour ou l’autre, et passez le relai si vous en ressentez le besoin.

Vous aussi, comme Fabien, vous avez le droit à une écoute empathique et à une aide bienveillante !

 

[1] Pour des raisons de confidentialité, le prénom a été modifié.

Article rédigé par Hebebulles :

MULLER Justine

Éducatrice libérale "Hébébulles"

Blogueuse parentale

 

                        
                    

 

 

 

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