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Le « terrible two », comment aborder cette phase d’affirmation de soi ?

16 Feb 2022

Professionnelle de la petite enfance, Camille Adam partage ses découvertes concernant l’accompagnement du jeune enfant. 

Suite à son expérience et sa reprise d’études pour devenir éducatrice, elle transmet avec passion ce qui l’aide à mieux le comprendre. 

Vous pouvez découvrir ses vidéos et autres articles sur Instagram (its_a_newcam), Youtube : Camille ADAM et Tik Tok : @its_a_newcam

Pour son dernier article de l'année 2021, Camille nous parlait du consentement de l'enfant. Elle aborde aujourd'hui la question du "Terrible Two"

 

« Le terrible two » ou « La crise des deux ans » ; deux expressions à vous donner la chair de poule.

Aujourd’hui je préfère parler de la phase d’affirmation de soi, car c’est bien de cela dont il s’agit.

Reprenons depuis le début. À sa naissance, l'enfant est totalement dépendant de son parent pour vivre et pour répondre à ses besoins. Il vit la vie qui lui est proposée. Il est déplacé, soulevé, positionné de la façon dont l’adulte qui l’accompagne le décide. À ce moment de sa vie, le nourrisson ne sait pas encore qu’il est une personne à part entière et n’a que très peu de pouvoir et de champs d’action sur ce qui lui arrive.

Peu à peu, le jeune enfant découvre qu’il peut contrôler et avoir une action sur ce qui l’entoure. « Quand je tape ce jeu contre cet objet, un bruit retentit. » Il essaye à nouveau et confirme. « Ce bruit fait suite à mon action, je le contrôle. ». Il commence peu à peu à se construire en tant que personne.

Quand les mots commencent à se former, alors le « non » entre en scène. Le « non » a le super pouvoir de contrôler et de décider ce que l’enfant souhaite faire ou ne pas faire. « Quel bonheur ! Moi qui, depuis toujours, subit ce qu’il m’arrive, je peux enfin contrôler et décider. » Vous vous en doutez, cette découverte se fait aux alentours de 18 mois. Le fameux « terrible two ». La crise des deux ans. Cet âge tant redouté.

Rassurez-vous, cette période n’est pas si affreuse si nous décidons de l’aborder autrement. Je vous partage aujourd’hui 6 pistes pour vous aider à aborder cette période différemment.

-       Changer de nomination. « Terrible two », rien que ce nom nous projette dans quelque chose d’horrible. Lorsque nous abordons un évènement, une rencontre, une étape en se disant qu’elle sera difficile ou terrible, il y a de forte chance que cela se produise. Pourquoi ? Car nous projetons cette idée sur l’enfant, nous le voyons à travers ces œillères et nous agissons en ce sens. Je vous propose de la nommer la PHASE D’AFFIRMATION DE SOI.

-       Accepter que l’enfant s’affirme. Cette phase est normale. Vous n’avez rien fait de mal, ce n’est pas votre faute si l’enfant a décidé de ne plus coopérer. Au contraire, c’est un signe qu’il se développe, qu’il grandit, qu’il apprend à se connaître et à s’affirmer.

-       Écouter l’enfant. L’enfant peut enfin s’exprimer clairement et donner son avis. Prenons le temps de l’écouter, de décoder ses réactions, de chercher à comprendre ce qu’il veut nous dire ou ce qui a provoqué chez lui une forte réaction.

-       Se rappeler l’immaturité de son cerveau. Quand l’enfant est dans la phase d’affirmation de soi, son cerveau n’est pas capable de manipulation, de vice et de contrôle. Il vit ses émotions à 100% et sans filtre. S’il prend plaisir à manipuler ce jeu, sa frustration sera grande et difficile à vivre lorsqu’il devra arrêter d'un coup car il faut aller changer sa couche.

-       Trouver des compromis. C’est la clé pour éviter un climat tendu entre vous et l’enfant. Il est capable de comprendre. Prenez le temps de vous mettre à sa hauteur, de mettre des mots sur son émotion et de trouver une solution ensemble.

-      Chercher la participation de l’enfant. Proposer à l’enfant d’être acteur de ce qu’il vit et de ce qu’il se passe autour de lui. Beaucoup de « crises » viennent du fait que l’enfant ne puisse pas avoir le contrôle sur ce qu’il est capable de faire en autonomie. L’adulte décide à sa place la façon dont cela doit être fait. Je crois que nous avons tous rencontré un enfant très en colère car nous avons décidé de couper son gâteau en deux alors qu’il le voulait en entier. Demandez-lui, proposez-lui de le faire et beaucoup de conflits seront évités.

Cette période demande à redoubler de patience et de créativité. C’est souvent à ce moment-là que l’adulte commence à hausser le ton ou que le coin est mis en place. Ce n’est pas l’accompagnement que je conseille. Au contraire, l’enfant a d’autant plus besoin de nous, de notre présence et de notre soutien. Il est en train de comprendre qu’il est une personne à part entière et construit peu à peu sa personnalité.

Cette période demande du lâcher prise, de la patience et de l'adaptation. Pas toujours facile, je vous l'accorde. Mais je suis convaincue que si nous décidons de l’aborder autrement, elle devient alors une étape normale de l’enfant face à laquelle notre accompagnement doit être adapté pour qu’elle soit la plus douce possible.

 

Il m’arrive souvent d’entendre les mots « laxisme » ou « enfant roi » lorsque je partage mes idées sur l’accompagnement du jeune enfant. Cependant, je crois qu’il est important de rappeler que la différence est grande entre éducation bienveillante et laxisme.

Dans mon prochain article, j’aborderai ce sujet et celui de l’importance de poser un cadre.

 



 

Camille ADAM

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