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Les douces violences du quotidien en crèche

06 Apr 2023

Image de l'article Les douces violences du quotidien en crèche

Article rédigé par Mélanie Lagarre, éducatrice de jeunes enfants et bloggeuse que vous pouvez retrouver sur sa page Instagram @team.eje 

Nous avons déjà fait face à cette situation qui est celle de parler d'un enfant ou du parent de celui-ci de manière péjorative, que ce soit émis par la collègue ou encore par nous-mêmes. Souvent, la croyance est que l'enfant n'a pas la capacité de compréhension, cependant nos connaissances sur le jeune enfant nous font dire que si, l'enfant comprend.

Alors, que ressent-il à cet instant ?
L'enfant peut ressentir que nous sous-estimons ses capacités de compréhension, alors qu'en réalité, au début de l'apprentissage du langage, il est plus difficile pour lui de prononcer des mots que de les comprendre.
À répétition, cela peut amener à une baisse d'estime, à se catégoriser eux-mêmes comme l'adulte les voit, mais aussi à se détacher et perdre confiance en l'adulte.

Ces moments brefs, parfois involontaires, peuvent être nommés des "douces violences".

Cela ne s'applique pas toujours directement à l'enfant. :
- Parfois, en tant qu'adultes, il nous arrive d’avoir des conversations importantes, mais il est essentiel de ne pas ignorer les besoins de l'enfant lorsqu'il est présent. Il est important de prendre le temps de communiquer verbalement avec lui et de lui expliquer ce qui se passe pour lui donner un sentiment d'inclusion et de compréhension.
- En tant que professionnel, il est de notre devoir de ne pas émettre de jugements sur la famille ou l'enfant que nous accueillons. Cela implique de ne pas faire de commentaires préjudiciables, ni de parler des membres de la famille en leur absence. Cependant, il est vrai que nous pouvons ressentir le besoin de nous libérer de nos émotions et de partager nos questionnements avec nos collègues. Dans ce cas, il est préférable d'attendre les réunions de travail pour en parler, en exprimant nos difficultés et nos émotions de manière constructive et respectueuse.
- Il est important d'éviter de porter des jugements ou de coller des étiquettes à un enfant en pleine construction. Par exemple, si l'on qualifie un enfant de "cochon" parce qu'il expérimente encore pendant les repas et se salit souvent, il peut intégrer cette étiquette négative et penser que c'est ainsi qu'il doit agir. Au lieu de cela, il est préférable de rester positif et de reconnaître les efforts de l'enfant pour apprendre à manger proprement.
- De même, lors des transmissions, il est important de parler de l'enfant à la première personne pour reconnaître son rôle actif dans sa propre vie. Les transmissions ne devraient pas être un simple échange d'informations entre les parents et les professionnels, mais plutôt une occasion de mettre en lumière les expériences vécues par l'enfant et les efforts qu'il a fait pour apprendre et grandir. En parlant de l'enfant à la première personne, nous lui accordons une plus grande importance et nous le valorisons en tant qu'individu unique et important.


Selon Christine SCHUHL, éducatrice de jeunes enfants, Montessorienne, diplômée d'études appliquées en sciences de l'éducation : « 𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑜𝑢𝑐𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑜𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑛𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑚𝑎𝑙𝑡𝑟𝑎𝑖𝑡𝑎𝑛𝑐𝑒, 𝑐𝑒 𝑛'𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑛𝑜𝑛 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑑𝑒 𝑙'𝑎𝑏𝑢𝑠. 𝐶𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑖𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑠 é𝑝ℎé𝑚è𝑟𝑒𝑠 𝑜ù 𝑙𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑓𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑛𝑒𝑙 𝑛'𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑢𝑛𝑒 𝑟𝑒𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 à 𝑙'𝑒𝑛𝑓𝑎𝑛𝑡. 𝐵𝑟𝑒𝑓 𝑖𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑠 𝑜ù 𝑙'𝑎𝑑𝑢𝑙𝑡𝑒 𝑠𝑒 𝑙𝑎𝑖𝑠𝑠𝑒 « 𝑒𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒𝑟 » 𝑝𝑎𝑟 𝑢𝑛 𝑗𝑢𝑔𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡, 𝑢𝑛 à 𝑝𝑟𝑖𝑜𝑟𝑖, 𝑢𝑛𝑒 é𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒𝑡𝑡𝑒, 𝑢𝑛 𝑔𝑒𝑠𝑡𝑒 𝑏𝑟𝑢𝑠𝑞𝑢𝑒. »


En conclusion, il est important de veiller à ne pas porter de jugement sur l'enfant et sa famille. Cela implique de faire preuve de prudence dans notre langage et de nous abstenir de tout commentaire qui pourrait blesser ou stigmatiser l'enfant ou sa famille. Il est également crucial de maîtriser notre langage en présence de l'enfant en l'incluant dans les conversations qui le concernent. Si des discussions plus formelles sont nécessaires, il est préférable de les avoir ailleurs afin de ne pas perturber l'enfant et de préserver sa vie privée.


Pour nous rendre compte de notre comportement, il suffit de se demander : “𝘊𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘫𝘦 𝘭𝘦 𝘷𝘪𝘷𝘳𝘢𝘪𝘴 à 𝘴𝘢 𝘱𝘭𝘢𝘤𝘦 ?”. Il est vrai que nous avons tous commis des actes de "douce violence" envers les enfants, que ce soit de manière consciente ou inconsciente. Cependant, il est important de prendre conscience de ces comportements et de les éviter autant que possible.

Il est essentiel de se rappeler que les détails de la vie quotidienne peuvent avoir un impact significatif sur le bien-être et la sécurité psychique des enfants.

En tant que professionnels travaillant avec des enfants, il est de notre responsabilité de faire preuve de vigilance et de respecter leur intégrité physique et psychique.

Cordialement 

Mélanie Lagarre

@team.eje

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