Pratiquer de la méditation en EAJE : Bénéfique pour les enfants comme pour les adultes.

Margaux Boutron, éducatrice de jeunes enfants libérale, formatrice petite enfance et formatrice de yoga enfants.

Qu’entendons-nous par méditation ?

La méditation est une pratique couramment associée au yoga et à la sophrologie, visant à recentrer son attention sur soi-même et ses ressentis. Elle repose sur le principe de faire une pause mentale dans nos pensées habituelles, en les dirigeant vers des pensées agréables ou en les laissant simplement passer. Elle invite également à suspendre nos activités physiques et à nous déconnecter de notre environnement extérieur. En se concentrant sur notre intériorité, nous pouvons ainsi mettre de côté les stimuli sensoriels et les interactions avec autrui.

De nos jours, dans notre société en constante agitation, de nombreuses personnes ressentent un besoin croissant de faire une pause et de se ressourcer. Si l'on pense à un environnement saturé de stimulations sensorielles, de bruits assourdissants et d'odeurs puissantes, associé à une vigilance constante et à une sensation de devoir être constamment en mouvement, cela nous rappelle-t-il quelque chose ? En effet, cela ressemble étrangement à notre quotidien dans les établissements d'accueil du jeune enfant (EAJE).

Cet environnement dynamique et agité, bien qu'il soit stimulant pour les enfants, peut parfois devenir excessivement stimulant et générer du stress pour tous les acteurs présents. C'est précisément dans ce contexte que l'introduction d'une activité de méditation, voire son intégration dans nos rituels, peut être envisagée comme une solution idéale.

L’intérêt en structure pour tous :

Professionnelles :

Se recentrer pour mieux profiter des moments avec les enfants, mais aussi pour libérer sa créativité : ces moments de pause, tant pour les professionnelles que pour les enfants, sont extrêmement intéressants à instaurer. On peut constater des bénéfices en termes de prévention du burn-out et d'autres problèmes de santé liés au travail auxquels nous sommes exposés. La méditation agit également comme une mesure préventive contre les violences éducatives ordinaires (VEO), car elle nous rend plus disponibles pour les enfants. Elle contribue à réduire le taux de stress, ainsi que la production de cortisol, tout en diminuant la fatigue. Le professionnel ressent une plus grande sérénité, ce qui se reflète également chez l'enfant. Lorsque les enfants sont apaisés, cela contribue également à apaiser les professionnels qui les accompagnent.

L’enfant :

La méditation, même chez les tout-petits, peut apporter de nombreux bénéfices, tels que favoriser leur créativité, améliorer leur capacité de réflexion et renforcer leur système immunitaire. Elle contribue également à réduire les comportements violents entre les enfants.

Mais comment faire de la méditation avec des tout petits ?

Ce n'est pas facile d'introduire des exercices mentaux avec de jeunes enfants qui n'ont pas encore développé une conscience mentale ou une image de soi claire. Cependant, ne vous inquiétez pas, vous disposez d'outils à votre disposition pour guider les enfants dans cette démarche.

Même dans la section des tout-petits, il est possible d'introduire un moment de calme et de guidage en se concentrant sur un seul stimulus sensoriel tout en réduisant les autres. Cela peut être réalisé en abaissant les lumières et en proposant des paroles et des mouvements lents de la part des professionnels présents.

Avec les tout-petits, il est préférable de se concentrer sur la pratique de la méditation de pleine conscience. Celle-ci implique de porter son attention sur certains sens ou parties du corps, et éventuellement d'y ajouter des pensées positives et réparatrices.

Pour accompagner les jeunes enfants, vous pouvez explorer différentes sensations tactiles en touchant différentes parties de leur corps, comme leurs pieds, en utilisant divers objets et textures tels que des balles sensorielles, des plumes ou une pression douce de la main. Tout au long de cette exploration, il est important de verbaliser et de questionner l'enfant afin d'obtenir son consentement et de l'impliquer activement dans l'expérience.

Les musiques douces, classiques, jouées au piano, au violon ou à la harpe accompagne la détente de chacun.

Dans les sections des plus grands, nous pouvons leur demander de fermer les yeux afin qu'ils puissent écouter de la musique douce ou des sons de la nature. Ils sont encouragés à reconnaître ces sons et à les verbaliser. De plus, nous pouvons leur proposer de souffler sur divers objets pour se concentrer sur les sensations de la respiration. Ces activités les aident à se recentrer et à prendre conscience de leur respiration.

J’aime beaucoup introduire des exercices de visualisation. Par exemple, nous pouvons dessiner un cœur sur notre main et exprimer nos souhaits pour les personnes que nous aimons, symbolisées par ce cœur. Nous pouvons également envoyer des bisous aux personnes que nous aimons en les nommant. Il est possible aussi de prendre un pinceau et de faire « semblant » de se mettre de la peinture sur son corps ou celui du camarade. Une peinture qui soigne les bobos, les colères et la tristesse…

Comme vous l'avez compris, l'utilisation d'objets sensoriels tels que des veilleuses ou des objets lumineux peut aider les enfants à se concentrer sur un point fixe. C'est encore mieux lorsque ces objets reproduisent le battement d'un cœur ou réalisent un mouvement circulaire, comme une pendule ou une lampe à lave.

Êtes-vous prêt à essayer cette pratique, que ce soit comme une activité ponctuelle ou comme un rituel avant le repas ?

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